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samedi 26 février 2011

Lessive écolo: le mythe de la crasse propre!

 Reprise de l'article rédigé par Madame Nature...

Lessive écolo: le mythe de la crasse propre!

26 avril 2010 13 commentaires
IMG_0643Ce lundi dans Nuwa (RTBF, La Première), je vous proposais, avec Corinne Boulangier, de faire le tour de la buanderie pour répondre à cette question: les gadgets et produits proposés pour laver le linge de façon plus écologique tiennent-ils leurs promesses? Balles de lavage, « boules magiques », et noix de savon sont-ils efficaces? pour savoir si les lessives qui se disent écologiques le sont vraiment, vous pouvez podcaster l’émission en cliquant ici… ou lire ce qui suit! 

« Et après, qu’est-ce qu’elle devient la crasse propre ? », lançait Coluche dans son célèbre sketch sur la publicité… Depuis lors, les lessives ont troqué leur traditionnel argumentaire « plus blanc que blanc » pour vanter leurs qualités vertes. Les grandes surfaces regorgent de produits affichant des labels privés et autres allégations publicitaires faisant allusion en des termes un peu flou à leurs vertus écologiques… Les lessives se prétendent « vertes », « biodégradables », ou « bonnes pour l’environnement », « sans  tel ou tel ingrédient » : autant de promesses dont il faut se méfier… Les phosphates par exemple, interdits dans les lessives en Belgique, ont été remplacés par d’autres produits comme le phosphonate, substance peu dégradable, qui participe elle aussi à l’eutrophisation des milieux aquatiques…

Le premier tri nécessaire, avant celui du linge, serait-il celui des vrais et faux produits écologiques ? En effet, mais ce tri est bien plus difficile que celui de nos mannes de linge sale. Idéalement, plutôt que de choisir sa lessive selon ces allégations, il faudrait se pencher sur l’étiquette. Le hic, c’est que l’indication de composition des lessives n’est pas obligatoire. Sur la plupart des produits, on trouve à peine un petit tableau, préconisé par une recommandation européenne, qui reprend certains ingrédients et leurs fourchettes de concentration… avec ces maigres données, même un parfait petit chimiste peut avoir du mal à déterminer un classement écologique des lessives !

Il y a tout de même quelques repères, des ingrédients à fuir d’office… On peut garder en tête qu’il vaut mieux choisir des lessives contenant des tensioactifs d’origine végétale ou animale, plus biodégradables que ceux à base de pétrole et issus de ressources naturelles renouvelables. Pour rappel, les tensioactifs ce sont les produits qui soulèvent la crasse et la maintiennent en suspension, avec leurs petits bras musclés comme l’expliquait si bien Coluche ! Dans la liste des ingrédients, si vous repérez des adjuvants tels que le citrate, le silicate ou les zéolites c’est plutôt bon signe… Côté agents blanchissants, le perborate est à fuir : il libère du bore (un élément du même groupe que l’aluminium) dans les rivières et est généralement utilisé avec du TAED (Tétra Acéthyle Ethylène Diamine) et de l’EDTA (l’acide éthylène diamine tetra acétique), qui sont des produits nocifs pour l’environnement. Le percarbonate de sodium est une alternative réellement écologique au perborate. Préférez aussi les lessives sans colorant, et si possible sans parfums de synthèse. Près de 16% des personnes allergiques, soit 1 à 2% de la population, le seraient aux  parfums chimiques  utilisés dans les lessives ou assouplisseurs ! Quant aux solvants contenus dans les détachants, souvent à base de pétrole, polluent les eaux et agissent sur les voies respiratoires, les reins, les yeux et sont de puissants neurotoxiques détruisant les cellules nerveuses.
Voici un petit tableau -aide-mémoire bien pratique de ces composants lessiviels chimiques ,  tiré du site www.ecoconso.be:

Ingrédients Rôle Impact sur l’environnement
tensioactif anionique (LAS, savon,…) agent lavant
tensioactif cationique conservateur, assouplissant
tensioactif non ionique agent lavant
tensioactif amphotère agent lavant
phosphate adjuvant à éviter
zéolithe adjuvant
NTA (nitriloacétate de sodium) adjuvant à éviter
EDTA (éthylène diamine tétra acétate) adjuvant et stabilisateur à éviter
phosphonate adjuvant et stabilisateur à éviter
citrate adjuvant
carbonate de sodium adjuvant
perborate de sodium agent de blanchiment oxygéné à éviter
percarbonate de sodium agent de blanchiment oxygéné
polycarboxylate dispersant à éviter
enzyme catalyseur (accélérateur de réaction)
azurant optique additif blanchissant à éviter

Pas facile de s’y retrouver, même avec cette liste… Peut-on alors se fier à des labels ?
En théorie, on peut se fier à l’écolabel européen (celui dont le logo est une petite fleur constituée d’étoiles)… mais celui-ci admet tout de même l’utilisation de certaines substances telles que les azurants optiques. Ces produits ne lavent pas, mais font paraître le linge plus lumineux et augmentent l’impression de blancheur en absorbant les rayons UV et réfléchissant la lumière. Ces dérivés pétrochimiques ne sont pas totalement éliminés lors du rinçage du linge et peuvent s’avérer irritants pour la peau et même provoquer des allergies chez les personnes sensibles. Certaines études ont même suggéré qu’ils pourraient être cancérigènes et retarder la capacité de la peau à cicatriser… Peu biodégradables et toxiques pour la vie aquatique, ils sont tout de même admis dans les lessives dotées de l’écolabel européen. Décrypter les étiquettes vont donc la peine :
certaines marques, comme celle de l’entreprise belge Ecover, sont plus exigeantes que l’écolabel européen, et ont décidé de supprimer définitivement certains ingrédients chimiques de la liste de leurs ingrédients…

On dit souvent que c’est la dose qui fait le poison: c’est aussi vrai pour les lessives!

Mettre le juste dosage est en effet un des gestes de base de la lessive écologique : il est recommandé de suivre les  indications de dosage reprises sur le paquet de lessive.
Si le linge est très sale, il est préférable de le laisser  tremper plutôt que d’augmenter les doses. Et ces réflexes sont d’autant plus importants à acquérir si on se sert de lessives compactes ou concentrées : les quantités de produit nécessaires sont réduites de 30 à 50%. Il ne sert donc à rien de mettre plus de produit qu’il n’en faut ! Tout ce que vous risquez alors, c’est de voir des résidus de lessive s’incruster dans les fibres textiles, ce qui risque de les abîmer… et d’irriter votre peau !


La manière de lessiver importe aussi autant que les qualités écologiques du produit !  Une étude réalisée aux Pays-Bas a montré que les consommateurs déçus par les performances d’une lessive écologique adoptent des programmes de lavage plus agressifs pour l’environnement (cycles plus longs, surdosages, températures plus élevées,…). Voici donc le BA-ba de la lessive verte : tout d’abord, il faut  trier le linge correctement pour choisir les dosages et températures adéquats. Ensuite, il est préférable de ne faire fonctionner la machine que lorsqu’elle est à pleine charge pour économiser l’eau, l’énergie et le détergeant. La touche « demi-charge » prévue pour laver de petites quantités de linge lance un cycle de lavage plus gourmand. Quant au choix de la température, retenons que la plupart des textiles s’entretiennent bien à des températures basses : de 30 à 40°C pour les fibres synthétiques, les couleurs,  ou le coton peu sale.  60°C conviendront exceptionnellement pour du coton sale, et des taches de graisse. Au lieu de recourir à des programmes à hautes températures ou avec prélavage, laissez tremper le linge très sale, et enduisez les zones très encrassées de produits correspondant au type de tache : fiel de bœuf, citron, bicarbonate…
Dans les rayons lessive, on trouve aussi des produits tels que les balles de lavage : ces balles en caoutchouc naturel, de diverses tailles et formes, selon les fabricants, ont des picots et des trous , et  sont vendues comme « boules de lavage magiques ». Elles se placent dans le tambour de la machine à laver pour remplacer la lessive.  Voilà qui fait rêver ! Mais selon l’UFC Que Choisir, l’équivalent français de Test-Achats, les résultats de ces balles sont médiocres. Elles lavent un peu mieux qu’un cycle sans lessive.  Aux onéreuses boules magiques, préférez les boules de lavage : il ne s’agit pas de magie mais d’une simple efficacité mécanique. Les balles ne font rien d’autres que ce que faisaient autrefois les lavandières en battant le linge : elles améliorent donc la performance de votre lessive, et vous permettent de réduire la dose de produit… Comptez une douzaine de boules pour une machine de 5Kg.


Autre mystère du rayon lessive, cette fois dans les magasins bio : les noix de lavage.

Les fruits de l’arbre Sapindus Mukorossi sont utilisés depuis des siècles en Inde et au Népal pour laver le linge. Cet arbre robuste pousse sur des terrains pauvres et peut produire des noix pendant 80 ans. Dans ces noix on trouve de la saponine, qui est un savon naturel. Au contact de ces noix avec l’eau se développe donc une mousse lavante qui respecte les couleurs et est totalement écologique. Il suffit de placer 5 à 8 demi noix dans un sac de tissu au cœur du tambour de votre machine à laver… et le tour est joué ! Voilà donc la solution miracle me direz-vous ?  Pas si vite ! Si ces noix sont efficaces pour rafraîchir du linge simplement sale d’avoir été porté, elles sont cependant peu efficaces contre les vraies taches. Selon Test-Achats, il faut leur ajouter des agents de blanchiment, un détachant ou des huiles essentielles pour avoir un résultat qui approche celui d’une lessive classique. En outre, ces noix sont transportées de loin, et ainsi que le souligne le Réseau Eco-consommation, leur exploitation  n’a pas fait l’objet d’études d’inventaire forestier aux fins d’aménagement et d’exploitation de la forêt. Mieux vaut donc s’abstenir de choisir un produit relativement peu efficace, dont l’exploitation risque de déstabiliser des écosystèmes.

Reste le traditionnel savon de Marseille… Peut encore compter sur ce basique de nos grands-mères !?
Le savon de Marseille, le VRAI, est une bonne alternative écologique pour votre lessive. Mais attention au greenwashing : certaines lessives surfent sur la vague écolo, par exemple en faisant allusion au Savon de Marseille… sans en contenir ! Elle sont parfumées « façon savon de Marseille », et souvent pas de façon naturelle…  Attention donc, à choisir un vrai savon de Marseille, si possible artisanal et non industriel: le premier est biodégradable, tandis que le second l’est moins car il contient souvent des additifs. Comment le reconnaître? Un Savon de Marseille traditionnel se présente sous la forme d’un gros cube de 600 grammes, sur lequel sont gravés la mention « 72% d’huile » et le nom de la savonnerie. En fait, le terme « savon de Marseille » n’est pas une appellation, il correspond seulement à une méthode de fabrication et à une composition de 72% de matière grasse. Donc les savons de Marseille que l’on trouve sur le marché ne sont pas fabriqués à Marseille (sauf exception) et ne contiennent pas forcément d’huile d’olive. Par contre, ce qui est sûr, c’est que le vrai savon de Marseille n’est fabriqué qu’à base de soude et d’huiles végétales. Sans colorant, le savon de Marseille est naturellement jaune ou vert. S’il est jaune, les huiles de Coprah, palme, et arachide sont en majorité, s’il est vert, ce sont les huiles coprah, palme, olive qui dominent. Pour faire la lessive, on peut mettre des copeaux directement dans le tambour de la machine à laver… Mais il arrive que le savon laisse alors des traces blanches sur le linge, surtout si vous lavez à basse température, ce qui est recommandé pour l’environnement et votre portefeuille.  

Voici une recette très simple pour réaliser une lessive liquide à base de savons de Marseille :
Faire fondre un mélange de 50 gr de copeaux de savon de Marseille et 50 gr de cristaux de soude dans 1 litres d’eau, ajouter 5 à 7 gouttes d’he (tea tree pour désinfecter, lavande pour donner un parfum agréable, mais d’autres mélanges sont possibles, en restant prudent comme toujours avec les huiles essentielles), bien secouer et utiliser un verre par lessive… Comme adoucissant, vous pouvez ajouter dans le bac de rinçage un peu de vinaigre. Voilà donc une vraie lessive écolo-écono! Mais il en existe de multiples variantes, en faisant appel par exemple à l’effet blanchissant du citron…
Je vous invite à consulter les autres articles de ce blog où il était question de lessive (vous y trouverez des liens vers des démos vidéos de fabrication de produits écologiques)…

A visiter aussi, encore une fois, l’incontournable blog de Raffa, experte en ce thème!

Et puis voici une liste de livres que j’ai compulsés récemment, et dans lesquels j’ai trouvé une mine de recettes de mères-grands à remettre à la mode:
« Le Citron Malin », « Le Bicarbonate Malin », « Le Vinaigre malin »  sont parus tous trois aux Editions Leduc S.

Cette recette en particulier d’un nettoyant multiusage au citron me semble une belle alternative de produit lessiviel: mélangez ½ tasse de savon de Marseille pur et ¼ de tasse de jus de citron dans 4 litres d’eau chaude. Pour accroître l’action anti-microbienne de ce produit, on y ajoute 3 gouttes d’huile essentielle de citron… Vous verrez, la texture est parfaite, et cela sent bon le frais, sans compter l’effet dégraissant et blanchissant du citron!
A vos bidons!




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